Un canal stratégique : Celui ci a été inauguré sous Louis XIV en 1682. Pierre-Paul Riquet, natif de Béziers, grâce à son ingéniosité,
eut l'idée de prolonger le Canal de Garonne (Castets-en-Dorthe-Toulouse) par le Canal du Midi (Toulouse-Sète), afin de fournir une voie navigable à
la mer Méditerranée. Après 12 ans de travaux, le Canal fut achevé en 1681.

De la source au canal : La ligne de Partage des eaux se situe dans la Montagne Noire, massif montagneux du sud-ouest du massif central.
Le captage (récupération de l'eau)  part à 650 m d'altitude, de l'Alzeau 33 km), affluent du Fresquel (63 km), lui-même affluent de l'Aude (33 km).
Récupérant  au passage l'eau de nombreux ruisseaux, la Rigole de la Montagne noire court jusqu'au Bassin de Saint-Ferréol. Pour recueillir les
eaux des versants Atlantique et méditerranéen, un barrage est édifié et un lac artificiel sert de réservoir d'eau.  Encore 34 km par la Rigole de la Plaine, où se
joint le Sor (60 km) et on arrive au bief (ou bisse), de Naurouze, avec ses deux sorties, l'une vers Toulouse et la Garonne  et l'autre vers la Méditerranée.

Au pays de Cocagne : Dés la Rigole de la Plaine, on pénètre dans le Lauragais, région historique qui s'étend d'ouest en est, dans l'Aude.
Sa beauté, sa richesse agricole et la clémence du climat, lui a valu le nom de "Pays de cocagne". Tout au long du canal, on peut y voir des moulins à eau et
des bastides nous rappelant une page d'histoire tragique avec  les Cathares et leur extermination !

L'utile et l'agréable : Platanes, pins, peupliers et cyprès ont remplacé les arbres fruitiers plantés jadis... Ils consolident les berges grâce à leurs racines.
Le feuillages des cyprès descendant jusqu'au sol est destiné à faire barrage à leurs  assauts. Cependant, ces plantations demandent un lourd travail d'entretien,
notamment pour se débarrasser des feuilles de platanes, imputrescibles. Pour empêcher l'envasement qui empêche la progression des  péniches, il faut tondre
les herbes qui poussent au fond du canal.

Du haut de ces balcons : Après Castelnaudary, le canal traverse Carcassonne et pénètre dans le Minervois, région naturelle, qui part de la Montagne Noire à la
vallée de l'Orb. La vigne y est plantée , les sols et la température permettent son expansion. Après Carcassonne, le canal longe l'étang de Marseillette, asséché
depuis le XVIIème siècle ! Au sud, la vigne règne, avec des amandiers et des oliviers, qui alternent avec les pinèdes, la lande (habitat naturel à fruticées)
 et la garrigue (formation végétale des régions méditerranéennes), ressemblant au maquis. Enfin, on monte vers la Causse (plateau karstique), avec ses villages
perchés sur des rocs calcaires arides, percés de grottes.

Méfions-nous de l'eau qui dort : Après Narbonne, le canal remonte vers le nord, passant au dessus de l'étang de Bages-Sigean (55 km²)
et le massif de la Clape, (Alt 214 m), continue un parcours émaillés de villages, traverse Béziers et Agde. Enfin, il termine son parcours après avoir franchi
l'étang de Thau (75 km²), dans lequel il se jette à Marseillan, et atteint la Méditerranée. L'eau à ce stade devient instable, mais les plongeurs seront
ravis pour apprécier la remarquable biodiversité de ce grand étang. En effet on peut y trouver des hippocampes mais également des blennies-paons,
 petits poissons rayés et tachés de bleus.
 

1. Canal du Midi, près de Colombiers (Hérault). 2. Tracé du Canal du Midi (Bleu). 3. En opposition, tracé du canal de Garonne (vert). Les deux canaux sont nommés Canal des Deux-Mers.
4. Pierre-Paul Riquet (1609-80). 5. Prise d'eau d'Alzeau, source du Canal du Midi. 6. Rigole de la Montagne Noire.  7. Rigole de la Plaine. 8. Lauragais. 9. Les Gorges de la Cesse (Minervois).
10. Garrigue, dans le Languedoc. 17. Etang de Thau. 18. Blennie-paon (Salaria pavo).