Les Anguilliformes sont des poissons téléostéens
serpentiformes, allongés et fusiformes, dont le corps évoque celui d’une
anguille. Ils ne possèdent pas de nageoires pelviennes et, souvent, pas de
nageoires pectorales. Les nageoires dorsale et anale sont fusionnées avec la
caudale, formant une seule crête longitudinale. La peau est généralement nue,
dépourvue d’écailles ou pourvue d’écailles cycloïdes noyées dans le derme. Les
ouvertures branchiales sont réduites et placées très antérieurement, souvent
dépourvues de peignes branchiaux. De nombreux os du crâne et du tronc sont
fusionnés ou absents, renforçant cette silhouette allongée et flexible.
absence de nageoires pelviennes
nageoires dorsale, anale et caudale
confluentes
peau nue ou écailles cycloïdes immergées
ouverture des branchies étroite et antérieure
squelette partiellement réduit ou fusionné
Larves leptocéphales
Les larves des anguilliformes, appelées
leptocéphales, sont aplaties, translucides et en forme de feuille. Elles
dérivent sur de longues distances dans la colonne d’eau avant de se
métamorphoser en juvéniles pigmentés et de rejoindre leur habitat adulte.
Comportements et écologie
Habitat
Les anguilliformes occupent une très grande
diversité d’habitats marins et dulcicoles :
eaux côtières rocheuses et récifales
zones sableuses ou vaseuses où ils creusent
des terriers (serpents de mer)
estuaires et embouchures pour les espèces
migratrices
rivières et fleuves pour certaines anguilles
d’eau douce
Locomotion et alimentation
Ils se déplacent surtout par ondes sinueuses du
corps, caractéristique de la locomotion anguilliforme. Leur alimentation est
carnivore : poissons, crustacés, mollusques, vers et petits invertébrés sont
traqués grâce à une mâchoire souvent protractile et munie de dents pointues.
Beaucoup chassent de nuit et se cachent dans des crevasses ou terriers le jour.
Reproduction et migration
Plusieurs espèces, notamment les anguilles du
genre Anguilla, effectuent de grandes migrations de reproduction. Adultes et
juvéniles traversent des milliers de kilomètres entre zones d’alimentation douce
et lieux de frai en mer profonde. Les œufs et leptocéphales dérivent ensuite
jusqu’aux côtes où ils se métamorphosent et remontent les cours d’eau.
Distribution géographique
Les Anguilliformes présentent une répartition
quasiment mondiale, couvrant un large éventail de milieux aquatiques.
Ils se trouvent dans tous les océans, des eaux
tropicales aux régions tempérées, et colonisent tous les environnements
aquatiques à l’exception des zones polaires véritables.
Répartition dans tous les océans, de
l’Atlantique à l’Indien et du Pacifique à l’Arctique subpolar
Colonisation
de tous les milieux marins et dulcicoles, hors pôles véritables
Forte
diversité en Nouvelle-Calédonie : 139 espèces recensées
Récifs
coralliens et lagons tropicaux abritant principalement Muraenidae et
Ophichthidae
Plateaux continentaux et talus profonds pour
de nombreuses Congridae et Synaphobranchidae
Sédiments sableux et vaseux, creusés par les
Ophichthidae fouisseurs
Cours d’eau douce et estuaires exploités par
les anguilles migratrices du genre Anguilla
Dangerosité des Anguilliformes
Morsures
Les morays (famille Muraenidae) et congers (Congridae)
représentent les principaux risques de morsure. Leur encombrement dans des
fentes rocheuses les rend territoriaux : une main imprudente dans un trou peut
déclencher une attaque défensive.
Dents coniques longues et incurvées, capables
de provoquer de profondes lacérations.
Douleur immédiate, saignements abondants et
risque de lésions tendineuses ou articulaires.
Peut nécessiter une suture chirurgicale et
une immobilisation si un tendon ou nerf est atteint.
Risque infectieux post-morsure
Les plaies de morsure d’anguille s’infectent
facilement du fait de la flore bactérienne marine et du mucus du poisson.
Vibrio vulnificus et Vibrio alginolyticus :
infections sévères en quelques heures (fièvre, frissons, œdème).
Staphylocoques et streptocoques indolents,
mycobactéries atypiques (Mycobacterium marinum) dans l’eau douce ou
saumâtre.
Traitement : nettoyage chirurgical ;
antibiothérapie à large spectre couvrant Vibrio et staphylocoques ; mise à
jour du tétanos.
Toxines et intoxications alimentaires
Certaines espèces d’anguilliformes récifaux
bioaccumulent des toxines ou s’associent à la ciguatéra :
Ciguatera : surtout chez les muraenidés
tropicaux (consommation de chair contaminée). Troubles neurologiques
(fourmillements, vertiges), symptômes gastro-intestinaux.
Scombroidose : mauvaise conservation des
chairs d’eau chaude pouvant libérer de l’histamine ; démangeaisons, bouffées
de chaleur, céphalées.
Métaux lourds (mercure, plomb) et polluants
organiques persistants dans les angulliformes de gros gabarit ; surveillance
recommandée pour populations vulnérables (femmes enceintes, enfants).
Parasites et autres risques sanitaires
La consommation de certaines anguilles d’eau douce
ou saumâtre peut exposer à des parasites humains :
Anisakidés (Anisakis spp.) dans les anguilles
marines ; douleurs abdominales aiguës, syndrome de l’allergie alimentaire.
Trematodes (Clonorchis sinensis, Opisthorchis
spp.) principalement en Asie du Sud-Est où la consommation d’anguilles crues
ou mal cuites persiste.
Prévention par cuisson à cœur (> 60 °C),
congélation préalable (- 20 °C pendant 24 h) ou salaison prolongée.