Squaliformes

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Classification (env 25 gen, env 127 esp)
Métazoaires-Triploblastiques-Cordés-Vertébrés-Gnathostomes-Poissons-Sélaciens-Chondrichtyens-Squalimorphes-Squaliformes
(Centrines, sagres, aiguillats, requin du Groenland...)
 

Requin du Groenland (Somniosus microcephalus)

 

Famille

Genres Espèces Distribution Description
Centrophoridés

 

2 genres env 15 esp Centrophorus granulosusRequin-chagrin commun
Centrophorus squamosusRequin-chagrin à écailles rugueuses
Deania calceaRequin-chagrin à museau long
Centrophorus uyatoPetit requin-chagrin
Centrophorus granulosus Requin-chagrin commun : taille entre 100 et 160 cm, corps élancé, peau rugueuse, museau court, coloration gris-brun foncé. Espèce ovovivipare vivant jusqu’à 1400 m de profondeur, exploitée pour sa chair et son foie riche en huile.
 Centrophorus squamosus
Requin-chagrin à écailles rugueuses : taille jusqu’à 164 cm, corps robuste, écailles très marquées, museau arrondi. Vit entre 145 et 2400 m, répartition très large, espèce menacée selon l’UICN en raison de la surpêche.
Deania calcea
Requin-chagrin à museau long : taille entre 80 et 120 cm, museau très allongé et aplati, corps fin, nageoires dorsales bien développées. Espèce benthopélagique des eaux froides et profondes, peu connue et rarement observée.
Centrophorus uyato
Petit requin-chagrin : taille généralement inférieure à 100 cm, corps petit et élancé, peau granuleuse, nageoires modestes. Espèce discrète, souvent mal identifiée, présente dans plusieurs zones tropicales et tempérées, peu de données disponibles sur sa biologie.
Dalatiidés

 

7 genres env 10 esp Dalatias lichaSquale liche
Isistius brasiliensisSqualelet féroce
Euprotomicrus bispinatusSquale pygmée
Squaliolus laticaudusSquale nain
 
Echinorhinidés 1 genre 2 esp Echinorhinus brucusSquale bouclé
Echinorhinus cookeiSquale bouclé du Pacifique
 
Oxynotidés 1 genre 5 esp Oxynotus centrinaCentrine commune
Oxynotus bruniensisCentrine aiguille
 
Etmopteridés 5 genres env 45 esp Etmopterus spinaxSagre commun
Etmopterus perryiRequin-lanterne nain
Etmopterus carteriRequin-lanterne cylindrique
Centroscyllium fabriciiSagre noir de l’Atlantique
 
Somniosidés 7 genres env 20 esp Somniosus microcephalusRequin du Groenland
Somniosus pacificusRequin dormeur du Pacifique
Centroscymnus coelolepisRequin dormeur à gros yeux
Scymnodalatias albicaudaRequin dormeur à queue blanche
 
Squalidés 2 genres env 30 esp Squalus acanthiasAiguillat commun
Squalus cubensisAiguillat de Cuba
Squalus japonicusAiguillat du Japon
Cirrhigaleus barbiferAiguillat barbu
 

 

 

Nom usuel Genre espèce Classification Photos Statut Environnement principal Distribution
Aiguillat commun Squalus acanthias Squalidés Description de cette image, également commentée ci-après Vulnérable Pleine mer Atlantique Nord
Sagre commun Etmopterus spinax Etmoptéridés Description de l'image Etmopterus spinax Sardinia.jpg. Stable Pleine mer Méditerranée, Nord Atlantique
Centrine commune Oxynatus centrina Oxynotidés Afficher l’image source Vulnérable Pleine mer Eaux chaudes et tempérées du globe

 

 

Requin du Groenland (Somniosus microcephalus)

 un requin du Groenland en chasse dans son habitat naturel un requin du Groenland interagissant avec des phoques dans son habitat naturel un requin du Groenland dans un milieu de banquise un couple de Requin du Groenland (Somniosus microcephalus) dans leur habitat naturel

 

Description et comportement

Description physique

Le requin du Groenland est l’un des plus grands requins carnivores, mesurant en moyenne 2,5 à 4,5 m, et pouvant atteindre jusqu’à 7,3 m. Son corps cylindrique est dépourvu de nageoire anale, avec deux petites dorsales en retrait et une queue asymétrique. La tête est relativement petite, ornée de larges spiracles placés au-dessus et en retrait des yeux. La peau rugueuse, grise à brune, porte souvent des taches blanches dues au frottement sur le fond. Sa denture comprend des dents effilées sur la mâchoire supérieure et plus larges, fonction de coupe, sur la mâchoire inférieure.

Habitat et répartition

Espèce principalement bathybenthique, il évolue le plus souvent entre 200 et 400 m de profondeur, rarement en surface. Présent dans l’Atlantique Nord et le Pacifique Nord, il fréquente les eaux polaires entre 2 °C et 7 °C, toujours en dessous de 12 °C. Des observations dans des eaux australes (îles Kerguelen, Macquarie) restent à confirmer et peuvent concerner S. antarcticus. Dans le fjord du Saguenay, il est détecté toute l’année jusqu’à 300 m de profondeur.

Comportement et alimentation

Ce requin combine chasse active et charognardisme. Il se nourrit de calmars, de poissons osseux (saumons, harengs), de requins et raies, ainsi que de mammifères marins (phoques, marsouins). Son métabolisme lent l’amène à effectuer des migrations verticales encore mal comprises : en été, il descend parfois jusqu’à 4 000 m pour trouver de l’eau froide, et en hiver, il remonte vers les eaux de surface plus froides que les fonds. Les raisons de ces déplacements demeurent inconnues.

Reproduction et longévité

Somniosus microcephalus est ovovivipare : la femelle porte jusqu’à dix petits, chacun mesurant environ 90 cm à la naissance. La maturité sexuelle intervient pour les individus d’au moins 4 m, soit vers 150 ans d’âge. Ces requins détiennent la longévité record chez les vertébrés : des estimations font état de 300 à 400 ans, voire jusqu’à 500 ans pour certains spécimens.

 

Régime alimentaire

Composition du régime

bulletPoissons osseux
bulletMorues, harengs, éperlans, et parfois poissons plats
bulletCéphalopodes
bulletCalmars abyssaux et autres calamars géants
bulletRequins et raies
bulletPetits squales et raies benthiques
bulletMammifères marins
bulletPhoques, marsouins, et restes de mammifères marins échoués
bulletCharognes de grande taille
bulletÉpaulards, baleines et parfois mammifères terrestres (carcasses de renne, ours polaire)

Stratégies de chasse et de charognardisme

Le requin du Groenland combine deux modes alimentaires complémentaires :

bulletChasse active Il peut traquer lentement sa proie en zone profonde et l’attaquer par surprise.
bulletCharognardisme Grâce à son odorat développé, il détecte à grande distance les effluves de chair en décomposition et s’attaque aux carcasses de mammifères et de poissons.

Adaptations métaboliques

Le froid extrême de son milieu ralenti son métabolisme, ce qui lui permet :

bulletDe survivre de longs intervalles sans manger (plusieurs semaines à mois).
bulletD’accumuler des réserves de lipides dans le foie (jusqu’à 30 % de sa masse corporelle).
bulletDe digérer lentement toute matière organique, même coriace.

Découvertes surprenantes

Des prélèvements d’estomac ont révélé des restes inattendus, comme :

bulletDes ossements de rennes ou d’ours polaires glacés et tombés à la mer
bulletDes morceaux de bois ou de déchets humains immergés

Ces découvertes confirment son rôle d’éboueur des grands fonds.

 

Longévité exceptionnelle

Espérance de vie

Le requin du Groenland peut vivre jusqu’à 400 ans, ce qui en fait le vertébré le plus longévif connu à ce jour. Certains spécimens atteignent la maturité sexuelle après plus d’un siècle de vie, soulignant un cycle de vie extraordinairement étendu .

Facteurs biologiques

bulletMétabolisme extrêmement lent Sa croissance ne dépasse pas 1 centimètre par an et sa température corporelle reste proche de celle de l’eau glacée qui l’entoure. Cette ultra-lenteur métabolique limite la production de radicaux libres et l’usure des tissus.
bulletStabilité enzymatique Contrairement à la plupart des vertébrés, l’activité de ses enzymes ne décline pas avec l’âge. Il garde une efficacité biochimique constante, retardant les processus physiologiques associés au vieillissement.
bulletAdaptations génétiques Le décodage d’environ 92 % de son génome a mis en lumière des gènes impliqués dans la réparation de l’ADN, la prévention des cancers et la préservation des protéines. Ces mécanismes confèrent une résistance accrue aux maladies liées à l’âge

Facteurs environnementaux

bulletHabitat profond et froid Les eaux arctiques stables et peu peuplées de prédateurs réduisent les sources de stress et de blessures. Cette tranquillité favorise une durée de vie prolongée en limitant les agressions externes.
bulletMaturité tardive La reproduction intervient vers 150 ans, ce qui répartit les coûts énergétiques de croissance et de reproduction sur de nombreux siècles, diminuant la pression sur les ressources internes au cours de la vie de l’animal.
 

Implications pour la recherche sur le vieillissement

Les découvertes liées à la biologie du requin du Groenland ouvrent des pistes pour mieux comprendre les processus de vieillissement et développer des stratégies de prévention des maladies liées à l’âge chez l’homme. Les gènes de réparation d’ADN et de surveillance protéique identifiés pourraient inspirer de nouvelles approches thérapeutiques dans la médecine du futur

 

Habitat et distribution géographique

Habitat

Le requin du Groenland évolue principalement dans les eaux froides et profondes de l’Arctique et du Nord de l’Atlantique.

bulletProfondeurs généralement comprises entre 200 et 600 m, avec des observations jusqu’à 1 800 m.
bulletTempératures de l’eau supportées : 2 °C à 7 °C, tolérance occasionnelle jusqu’à 12 °C.
bulletMode de vie bathybenthique, proche du fond, dans les zones rocheuses et sédimentaires.
bulletPrésence permanente dans des fjords profonds (par exemple au Québec) sans migrations saisonnières marquées.

Distribution géographique

Le requin du Groenland peuple essentiellement les zones subpolaires et boréales.

bulletAtlantique Nord : mer du Groenland, mer du Labrador, baie de Baffin, mer du Nord.
bulletPacifique Nord : détroit de Béring et côtes pacifiques du Canada et de la Russie.
bulletRégions côtières : Groenland ; Canada (Labrador, Nunavut, Terre-Neuve-et-Labrador, Québec) ; États-Unis (Maine) ; Europe du Nord (Islande, Norvège, Îles Féroé).
bulletObservations ponctuelles plus au sud : Irlande, Royaume-Uni, Danemark, Allemagne, France, Espagne, Portugal.
bulletSignaux controversés en eaux subantarctiques, souvent attribués à une confusion avec Somniosus antarcticus.

 

Mode de reproduction et développement

Reproduction ovovivipare

Le requin du Groenland est ovovivipare, c’est-à-dire que les œufs éclosent à l’intérieur du corps maternel et les juvéniles naissent vivants. Aucune connexion placentaire n’est établie ; les embryons tirent leur nourriture de leur vitellus (sac vitellin) jusqu’à la naissance.

Portée et taille à la naissance

bulletNombre de petits par portée : jusqu’à dix juvéniles.
bulletTaille des nouveau-nés : environ 90 cm à la naissance.

Ces valeurs proviennent d’observations de spécimens capturés accidentellement, car aucun accouplement ni gestation n’a encore été filmé ou suivi en milieu naturel.

Comportement lors de l’accouplement

Lors de la reproduction, le mâle mord la femelle, qui possède une peau deux fois plus épaisse que la sienne. Cette morsure semble permettre la prise et la stabilisation pendant l’acte d’accouplement, comme chez plusieurs autres requins Squaliformes.

Maturité sexuelle et durée de développement

bulletLongueur à maturité : au moins 4 mètres.
bulletÂge estimé à maturité : autour de 150 ans (156 ± 22 ans).

Cette maturité extrêmement tardive s’inscrit dans un cycle de vie lent, où croissance et reproduction sont étalées sur plusieurs siècles, conséquence directe du métabolisme ralenti et des conditions froides qu’il affectionne

Comportement social

Le requin du Groenland est avant tout une espèce solitaire :

bulletIl vit isolé la majeure partie de l’année.
bulletLes rencontres entre individus sont rares et liées à la recherche de nourriture ou à la reproduction.
bulletAucune structure sociale durable (groupes, couples) n’est observée.

Rencontre et accouplement

La seule véritable “vie de couple” se limite à l’acte de reproduction :

bulletLe mâle saisit la femelle, la mordant dans une région où sa peau est deux fois plus épaisse que la sienne, pour se maintenir en position durant la copulation.
bulletL’accouplement reste furtif et peu documenté ; les requins se séparent aussitôt après l’union.
bulletCe comportement polygynandre (plusieurs partenaires pour chaque sexe) témoigne de l’absence de lien durable entre mâle et femelle.

Absence de soins parentaux

Après la naissance :

bulletLes juvéniles naissent complètement autonomes (environ 90 cm) et n’ont aucun contact parental.
bulletIls doivent immédiatement chasser et se protéger seuls, sans crainte ni soutien de la part des adultes.

Classification (Squaliformes-Somniosidés)

Le requin du Groenland appartient à l’ordre des Squaliformes et à la famille des Somniosidés en raison de caractéristiques morphologiques précises et de son affinité génétique avec d’autres « requins dormeurs ».

Les traits-clés des Squaliformes

bulletabsence de nageoire anale
bulletdeux nageoires dorsales (souvent munies d’un aiguillon, même s’il peut être réduit)
bulletcorps fusiforme adapté à la vie pélagique et profonde
bulletdentition spécialisée, avec des dents supérieures et inférieures distinctes

Ces caractéristiques distinguent les Squaliformes des autres ordres comme les Carcharhiniformes (requins-marteaux, requins citrons) ou les Lamniformes (requin-tigre, grand requin blanc).

Ce qui définit la famille des Somniosidés

bulletnageoires dorsales particulièrement petites, souvent sans épine ou avec un aiguillon très réduit
bulletabsence de nageoire anale
bulletprésence d’arêtes latérales sur l’abdomen, entre les nageoires pectorales et pelviennes
bulletcorps massif et cylindrique, tête relativement petite
bulletadaptations à l’environnement arctique et abysse, notamment un métabolisme lent

Le genre Somniosus, qui regroupe le requin du Groenland, partage ces traits avec plusieurs autres espèces de « requins dormeurs » présentes dans les eaux froides et profondes.

Confirmation taxonomique et génétique

bulletLes études anatomiques originales et les révisions taxonomiques ont placé Somniosus microcephalus dans les Somniosidés dès la description de la famille par Jordan en 1888.
bulletLes analyses moléculaires (ADN mitochondrial et nucléaires) confirment aujourd’hui que cette famille forme un groupe monophylétique au sein des Squaliformes, distinct des autres lignées de requins.

 

Les autres membres de la famille

La famille des Somniosidés regroupe une vingtaine d’espèces de « requins dormeurs » adaptées aux grandes profondeurs et souvent aux eaux froides. Au-delà de Somniosus microcephalus, voici les genres et espèces majeurs, ainsi que leurs points de ressemblance clés.

Genre Somniosus

bulletSomniosus pacificus (requin dormeur du Pacifique) Métabolisme très lent, longévité élevée (plusieurs décennies), présence dans les eaux froides et profondes du Pacifique Nord.
bulletSomniosus antarcticus (requin dormeur de l’Antarctique) Morphologie cylindrique, nageoires dorsales réduites, adaptation aux basses températures de l’océan Austral.
bulletSomniosus rostratus (petit requin dormeur) Taille plus modeste, dentition supérieure effilée et inférieure plus large, vit en Atlantique Est et dans les zones profondes de la Méditerranée.

Autres genres majeurs

bulletCentroscymnus
bulletC. coelolepis (chien de mer portugais) : corps trapu, épines dorsales plus marquées.
bulletC. owstonii (chien de mer d’Owston) : répartition Atlantique Nord-Ouest, proportions et dentition légèrement différentes.
bulletZameus
bulletZ. squamulosus (requin dormeur écaillé) : peau rugueuse, museau pointu, vie bathypélagique.
bulletScymnodon
bulletS. ringens (requin bouffon) : forme du corps comparable, longévité moindre, zones tempérées profondes.
bulletScymnodalatias
bulletS. albicauda (requin à queue blanche) : nageoires dorsales proéminentes, queue contrastée, Indo-Pacifique.
bulletDeania
bulletD. calcea (requin piquant) : corps allongé, épines dorsales pointues, répartition mondiale en eaux profondes.
bulletD. profundorum (requin profond) : morphologie raffinée et penchant pour les zones abyssales.

Points communs et différences

bulletTous présentent l’absence de nageoire anale et des nageoires dorsales réduites ou épineuses.
bulletIls partagent un mode de vie bathypélagique (200–4 000 m) et une peau couverte de denticules dermiques.
bulletLa dentition effilée en haut et plus large en bas est typique de Somniosus, moins marquée chez les autres genres.
bulletLa longévité record (300–500 ans) demeure unique au requin du Groenland ; la plupart des somniosidés vivent moins de 100 ans.

Les Somniosidés sont surnommés « requins dormeurs » en raison de leur allure et de leur mode de vie particulièrement lentes et passives. Dans la littérature, on les décrit souvent comme « mous » et « lents », avec une vitesse de nage très réduite et un métabolisme si bas qu’ils semblent passer leur temps à somnoler entre deux repas.

Leur morphologie renforce cette impression : de petits yeux, une petite bouche et des nageoires peu développées leur donnent une silhouette presque immobile sur le fond marin. Ces caractéristiques font qu’ils restent de longues heures à l’affût, parfois posés sur le sédiment, avant de se mettre en mouvement pour saisir une proie, d’où le terme « requin dormeur » qui leur a été attribué